- CANADA - Actualité (1990-1996)
- CANADA - Actualité (1990-1996) P align=centerCanadaPolitique intérieureLe 23 juin 1990, le délai de ratification de l’accord du lac Meech vient à échéance. Signé en 1987, cet accord devait permettre à la province francophone du Québec d’adhérer à la Constitution canadienne rapatriée de Londres en 1982, sans l’accord du gouvernement de Montréal. Les parlementaires du Manitoba et de Terre-Neuve refusent d’entériner l’accord. Cet échec met en cause l’unité de la «Confédération» canadienne.Le 26 septembre, les derniers Amérindiens Mohawks assiégés près du village d’Oka, proche de Montréal, se rendent. Ils occupaient depuis le mois de mars une pinède qu’ils considèrent comme sacrée, car certains de leurs ancêtres y sont enterrés, et qu’un projet d’extension du golf municipal menaçait. Le gouvernement fédéral, qui a racheté le terrain à l’origine du litige, s’engage à étudier les revendications territoriales de tous les Amérindiens du Canada. Le conflit avait pris une dimension nationale le 11 juillet, quand un policier avait été tué lors d’affrontements entre les forces de l’ordre et les Mohawks.Le 22 août 1992, le Premier ministre Brian Mulroney, les chefs de gouvernement des 10 provinces et les représentants des territoires et des peuples autonomes parviennent à un accord de principe sur la réforme de la Constitution. L’accord prévoit de redéfinir la répartition des pouvoirs entre Ottawa et les provinces, de reconnaître le caractère de «société distincte» du Québec, seule province francophone, d’accroître les pouvoirs des petites provinces et de renforcer l’autonomie des Amérindiens et des Inuit. L’accord est rejeté par le Parti québécois (P.Q., indépendantiste) de Jacques Parizeau. Le 29, le Parti libéral québécois (P.L.Q., fédéraliste) du Premier ministre de la Belle Province, Robert Bourassa, approuve le projet de réforme constitutionnelle.Le 26 octobre, les électeurs, consultés par référendum sur le projet de réforme constitutionnelle, le rejettent par 54,4 p. 100 des voix; 6 provinces sur 10 le repoussent, notamment le Québec, où plus de 55 p. 100 des électeurs votent non. Ce rejet du troisième projet de réforme constitutionnelle en 10 ans constitue un revers pour le Premier ministre fédéral Brian Mulroney et pour son homologue québécois Robert Bourassa.Le 13 juin 1993, le Parti conservateur au pouvoir élit à sa tête Kim Campbell, ministre fédéral de la Défense. Le 25, elle devient la première femme à diriger le gouvernement fédéral, remplaçant Brian Mulroney, démissionnaire.Le 25 octobre, le Parti libéral (P.L.) de Jean Chrétien remporte les élections législatives en obtenant 41,6 p. 100 des suffrages et 177 (+ 95) des 295 sièges de la Chambre des communes. Au pouvoir depuis 1984, les conservateurs subissent une défaite sans précédent en ne conservant que 2 sièges (– 167), avec 16 p. 100 des voix. Kim Campbell est battue dans sa circonscription. Le scrutin est marqué par l’essor de 2 partis régionalistes: le Bloc québécois de Lucien Bouchard, indépendantiste, qui recueille 14 p. 100 des suffrages, obtient 54 élus (+ 54) et devient le premier parti d’opposition, et le Reform Party de Preston Manning, ultraconservateur, qui remporte 18 p. 100 des voix et 52 sièges (+ 52). Le Nouveau Parti démocratique (social-démocrate) n’a que 9 élus (– 34) avec 6,6 p. 100 des suffrages. À ces élus s’ajoute un député indépendant. Le 4 novembre, le Premier ministre Jean Chrétien, Québécois, adepte d’un fédéralisme centralisé, forme le nouveau gouvernement.Le 11 janvier 1994, le nouveau Premier ministre du Québec, Daniel Johnson, leader du P.L.Q., prête serment ainsi que les 20 ministres formant son gouvernement.Le 12 septembre, le P.Q. remporte les élections législatives provinciales au Québec. Avec 44,7 p. 100 des suffrages et 77 sièges sur 125, il devance le P.L., au pouvoir depuis 1985, qui obtient 44,3 p. des voix mais seulement 47 élus. Le 26, Jacques Parizeau, qui a promis un référendum sur l’indépendance de la province, prête serment.Le 30 octobre 1995, les Québécois consultés par référendum rejettent de justesse, par 50,56 p. 100 des voix, le projet présenté par leur Premier ministre Jacques Parizeau de faire de leur province un État souverain, dans le cadre d’un partenariat économique et politique avec le Canada. Devant un résultat aussi serré, le Premier ministre fédéral Jean Chrétien déclare qu’il convient «d’envisager des solutions innovatrices» dans la définition des relations entre Ottawa et le Québec. Le lendemain, Jacques Parizeau annonce son intention de démissionner, à la fin de l’année, de ses fonctions de Premier ministre et de chef du P.Q.Le 11 décembre, sur l’initiative de Jean Chrétien, la Chambre des communes adopte une résolution reconnaissant au «peuple» québécois le statut de «société distincte». Cette disposition, qui n’a pas valeur constitutionnelle, est rejetée par les indépendantistes.Le 25 janvier 1996, le Premier ministre fédéral Jean Chrétien procède à un vaste remaniement ministériel, confiant notamment au nouveau gouvernement la tâche de «renouveler la fédération canadienne et [d’]assurer l’unité du Canada».Le 27, Lucien Bouchard, dirigeant de l’opposition fédérale, est élu chef du P.Q. Il est remplacé par Michel Gauthier à la tête du Bloc québécois, à Ottawa. Le 29, Lucien Bouchard est désigné comme Premier ministre de la Belle Province. Il estime l’indépendance du Québec «inéluctable», mais n’évoque toutefois pas de nouveau référendum à ce sujet.Vie économiqueEn 1990, confronté à la récession et à la menace de l’inflation, le gouvernement opte pour un assouplissement du crédit.En 1991, la récession est accentuée par la politique de rigueur. Un rapport publié en octobre souligne que les gains de productivité au Canada ont été les plus faibles parmi ceux des grands pays industrialisés depuis 20 ans, ce qui met en lumière la vulnérabilité du pays devant les défis de l’Accord de libre-échange nord-américain (A.L.E.N.A.).Durant l’été de 1992, le Canada subit le contrecoup du ralentissement de l’économie américaine, qui absorbe 75 p. 100 de ses exportations. L’activité parvient à se redresser. Toutefois, la crise monétaire européenne et la prévision d’un rejet de la réforme constitutionnelle accentuent la chute du dollar canadien à partir de septembre. Le 17 novembre, Brian Mulroney annonce son intention de stimuler l’économie par un programme de grands travaux.En 1993, l’économie se redresse lentement. La croissance est estimée à 2,4 p. 100. Le taux de chômage est d’environ 11,2 p. 100, à peine moins qu’en 1992. L’économie dispose toutefois d’atouts appréciables: une inflation inférieure à 2 p. 100, des taux d’intérêt à leur niveau le plus bas depuis 25 ans et des gains de productivité enregistrés au cours des années précédentes par les entreprises. Celles-ci ont dû faire face, depuis le début de la récession, à la concurrence des entreprises américaines dans le cadre du régime de libre-échange avec les États-Unis. Jean Chrétien s’est engagé à réduire le déficit budgétaire fédéral, en proie au dérapage depuis 3 ans, grâce à une relance de la consommation et à un programme de grands travaux. Il s’est par ailleurs engagé à renégocier certains points de l’A.L.E.N.A., estimant que l’ouverture progressive de la frontière avec les États-Unis depuis 1989 avait profité surtout à ces derniers.En 1994, la prospérité de l’économie est entachée par un taux de chômage encore élevé et un fort endettement que les mesures de réduction du déficit budgétaire ne suffisent pas à combattre.Le 1er janvier, l’A.L.E.N.A. entre en vigueur.Le 24 janvier, revenant sur une disposition antérieure, le gouvernement annonce que les personnes sollicitant le statut de réfugié au Canada sont autorisées à demander un permis de travail.Le 30 janvier, le Canada figure au nombre des signataires (Union européenne, États-Unis, Russie, Norvège, Australie) d’un accord stipulant une réduction de la production d’aluminium dans le monde et, en conséquence, une remontée des prix.Le 8 février, le gouvernement fédéral donne l’ordre de reprendre le travail aux 3 500 dockers de la côte pacifique en grève depuis le 27 janvier; un arbitrage est prévu pour régler le différend, qui porte sur l’augmentation des salaires.En avril, le ministre des Finances Paul Martin doit reconnaître que les mesures budgétaires et le taux de croissance ne permettent pas de résoudre le problème des déficits qui nécessite une restructuration en profondeur du domaine public.Le 18 juillet, Jean Chrétien et les 10 Premiers ministres provinciaux signent un accord limité de réduction des droits de douane internes.L’activité, en 1995, est marquée par l’incertitude liée au résultat du référendum sur la souveraineté du Québec qui provoque des mouvements de défiance chez les consommateurs et dans les milieux financiers internationaux. La poursuite d’une politique budgétaire restrictive et le maintien de taux d’intérêt très élevés permettent au dollar canadien de se réapprécier par rapport à la devise américaine, après avoir atteint son taux le plus bas au début de l’année. La baisse de la croissance s’explique par le ralentissement de l’activité économique aux États-Unis au premier semestre.En 1996, les indicateurs économiques illustrent l’efficacité des politiques budgétaires et fiscales adoptées par le gouvernement central et les provinces, même si les résultats sont sensiblement meilleurs dans l’ouest du pays que dans l’est. La balance commerciale est excédentaire; la balance des paiements retrouve son équilibre; les taux d’intérêt baissent; l’inflation est maîtrisée. Mais le montant de la dette extérieure reste très élevé et le chômage continue à toucher 10 p. 100 de la population active. La conversion du Québec à une politique de rigueur suscite des tensions entre le gouvernement provincial et les syndicats.Relations internationalesLe 12 août 1992, le Canada, les États-Unis et le Mexique concluent l’A.L.E.N.A., qui doit créer à terme, dans 10 ou 15 ans, le plus grand marché sans barrières douanières du monde. L’A.L.E.N.A. présente un caractère strictement commercial et n’a pas vocation politique, contrairement à la C.E.E. La Communauté européenne et le Japon mettent en garde les parties contractantes contre les tentations protectionnistes.Le 24 juin 1993, le Parlement canadien ratifie l’A.L.E.N.A.Le 15 avril 1995, après 6 semaines de tensions marquées notamment par l’arraisonnement d’un chalutier espagnol par les gardes-côtes canadiens, le Canada et l’Union européenne concluent un accord qui met fin au conflit sur la pêche au flétan au large de Terre-Neuve. Les quotas de prises octroyés à l’Espagne et au Portugal sont réduits.Du 14 au 17 juin, l’organisation, à Halifax, du sommet du G7 confirme le poids international du Canada, Ottawa contribuant à faire adopter un mécanisme de lutte contre les crises financières graves comme celle qu’a subie le Mexique en janvier.En novembre, Montréal est choisi comme siège du secrétariat des Nations unies pour l’environnement, consacré à la protection de la faune et de la flore.En novembre 1996, le Canada conclut avec le Chili un accord de libre-échange portant sur 80 p. 100 du commerce entre les 2 pays. Cet accord doit entrer en vigueur en juillet 1997.
Encyclopédie Universelle. 2012.